Louanges à Allah
Le terme amaana a deux acceptions; l’une
générale et l’autre particulière. La Première englobe tous les ordres et les
interdits religieux. Ceci s’atteste dans la parole d’Allah Très-haut:« Nous avions proposé aux cieux, à la terre et aux
montagnes la responsabilité (de porter les charges de faire le bien et d’éviter
le mal). Ils ont refusé de la porter et en ont eu peur, alors que l’homme s’en
est chargé; car il est très injuste (envers lui-même)
et très ignorant.» (Coran,33:72).
Ibn Kathir (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) a cité
des propos d’ulémas issus des ancêtres pieux relatifs à l’explication du terme amaana. Puis il a dit: «Tous ses
propos ne se contredisent pas. Bien au contraire, ils concordent et renvoient
aux charges, à l’acceptation des ordres et des interdits et leurs conditions à
savoir si on exécute les ordres, on sera récompensé et si on les rejette, on
sera sanctionné. Bien que faible, ignorant et injuste, excepté celui qui
bénéficie de l’assistance d’Allah, l’homme a accepté les charges.» Extrait du Tafsir d’Ibn Kathir
(6/489).
C’est ce sens
qu’Ibn Djarir at-Tabari (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) a choisi
puisqu’il a dit:« L’avis qui semble le plus juste est
celui émis par ceux qui ont dit: par le terme amaana
usité en cet endroit, on désigne toutes sortes de responsabilités religieuses
et de responsabilités envers les gens. C’est parce qu’en disant:«
Nous avons proposé la amaana» Allah n’a pas formulé
aucune restriction concernant une partie des amaana
selon la description que nous en avons faite.»Extrait
du Tafsir d’at-Tabari (19/204-205).
Al-Qourtoubi (Puisse Allah lui accorder Sa miséricorde) a dit:« Le terme amaana englobe
toutes les fonctions religieuses selon l’avis juste soutenu par la majorité
(des ulémas).» Extrait du Tafsir d’al-Qourtoubi (17/244).
Allah Très-haut dit:« et qui veillent à la sauvegarde des dépôts confiés à
eux et honorent leurs engagements…» (Coran,23:8).
L’exégète, Cheikh Muhammad Lamine Chinquiti (Puisse
Allah lui accorder Sa miséricorde) dit: «Le terme amaana englobe tout dépôt dont Allah vous a chargé de la
garde et vous a donné l’ordre de le préserver. Aussi englobe-t-elle la
préservation des organes contre tout ce qu’Allah n’a pas agrée, la sauvegarde
de tout ce que vous est confié…» Extrait de Adwaa al-bayaan
(5/846).
Le sens
particulier de l’amaana
Tous les textes religieux
concordent à indiquer qu’il s’agit du respect de la responsabilité, de ne pas y
faillir, et de ne pas trahir. Elle est fréquemment citée dans les livres des ulémas , notamment ceux traitant du droit (musulman) et sur
les langues. Peut-être est-ce le sens que l’auteur de la présente question
vise. L’amaana désigne alors tout ce que l’homme doit
préserver et veiller à restituer en fait de droits revenant aux autres. Cette amaana
revêt trois formes:
La première a
trait aux droits financiers régis par un contrat, comme les dépôts, les
créances, les baux et consorts, et ceux non régis par un contrat comme les
objets ramassés et tout autre bien perdus que l’on retrouve.
On lit dans
l’encyclopédie juridique koweitienne (6/236):
L’investigation a montré que l’amaana est employée
par les jurisconsultes dans deux sens.
Selon l’un, il s’agit d’une chose déposée auprès d’une personne sure. Ce qui
est le cas, quand:
a- le contrat
qui régit le dépôt porte sur l’objectif principal, le dépôt, l’objet placé
auprès d’une personne pour en assurer la garde. Dans ce cas, il a un sens plus
restreint que celui de l’amaana. Car tout dépôt
relève de l’amaana mais l’inverse n’est pas juste.
b- le contrat
qui implique l’amaana sans en être le principal
objet. C’est comme la location, le prêt, la moudharaba
(forme de transaction financière), la procuration, le partenariat, le gage.
c- ce qui ne
fait l’objet d’aucun contrat comme un bien ramassé. C’est encore comme le bien
jeté par le vent dans la maison du voisin. Tout cela entre dans le cadre de ce
qu’on appelle les dépôts légaux.»
La deuxième forme: la garde des secrets des autres
D’après Abou Said al-Khoudri, le Messager
d’Allah (Bénédiction et salut soient sur lui) a dit:
«Certes, relève des plus grandes responsabilités auprès d’Allah au jour de la
Résurrection la divulgation des secrets de couple.» (Rapporté par Mouslim,1437).
D’après Djaber ibn Abdoullah, le Messager d’Allah (Bénédiction et
salut soient sur lui) a dit: «Quand on s’est confié à
quelqu’un et s’est séparé de lui, on est tenu par la amaana.»
(Rapporté par Abou Dawoud,4868 et par at-Tirmidhi,1959
et qualifié par lui de bon et par al-Albani d’authentique dans as-Silsilah as-sahiha (4868).
La troisième forme: les responsabilités et postes publics et privés: ils
relèvent de l’amaana car on doit les assurer avec
justice et équité. Le poste de gouvernant est une amaana.
Un poste dans le pouvoir judiciaire en est une. Le poste de directeur dans un
quelconque établissement est une responsabilité. La direction d’une famille est
une responsabilité. Il en est ainsi pour toutes responsabilités et postes.
D’après Abou Hourayrah (P.A.a) le Messager
d’Allah (Bénédiction et salut soient sur lui) a dit:
«Quand l’amaana ne sera plus respectée, attendez-vous
à l’Heure (de la fin du monde). (Rapporté par al-Bokhari,6496).
Abou Dharr a dit:
-«Ô
Messager d’Allah, ne vas-tu pas m’employer?» Il me tapota sur les épaules avant
de dire:
-«Abou Dharr, tu es certes faible et il s’agit d’une
responsabilité qui entraînera au jour de la Résurrection le regret er la honte,
à moins qu’on l’assure justement en en respectant les conditions d’exercice.»
(Rapporté par Mouslim,1825).
Deuxièmement, ce
qu’il faut pour bien gérer les responsabilités publiques et privées c’est de
les assumer d’une manière que la loi religieuse juge convenable car il est
interdit de les négliger et d’y tricher.
Allah Très-haut dit:« Ô vous qui croyez! Ne trahissez pas Allah et le
Messager. Ne trahissez pas sciemment la confiance qu’on a placée en vous?» (Coran,8:27).
Allah Très-haut dit:« Certes, Allah vous commande de rendre les dépôts à
leurs ayants-droit, et quand vous jugez entre des gens, de juger avec équité.»
(Coran,4:58).
Commettre la
trahison dans la gestion d’un dépôt constitue un signe d’hypocrisie. D’après
Abdoullah ibn Amer le Prophète (Bénédiction et salut soient sur lui) a dit:« Quatre (qualités) font de celui qui les possède un
hypocrite pur. Celui qui en possède une traine l’une des qualités des
hypocrites aussi long temps qu’il ne s’en
débarrassera pas:
– trahir quand
on est dépositaire;
-mentir dans le discours;
– commettre la
traitrise dans les engagements;
-radicaliser les
hostilités. (Rapporté par al-Bokhari,34 et par Mouslim,58).
Troisièmement,
tricher dans la gestion d’un dépôt constitue l’un des péchés majeurs.
Cependant, bien qu’énorme , son auteur trouve la porte
du repentir ouverte.
Allah Très-haut dit:« Dis: “Ô Mes serviteurs qui avez commis des
excès à votre propre détriment, ne désespérez pas de la miséricorde d’Allah.
Car Allah pardonne tous les péchés. Oui, c’est Lui le Pardonneur,
le Très Miséricordieux.» (Coran,39:53).
Allah Très-haut:« Et c’est lui qui agrée de Ses serviteurs le repentir,
pardonne les méfaits et sait ce que vous faites…» (Coran,42:25).
D’après Abou Hourayrah (P.A.a) le Messager
d’Allah (Bénédiction et salut soient sur lui) a dit:«
Toute personne qui se repend avant que le soleil ne se lève au couchant verra
son repentir agréé par Allah.» (Rapporté par Mouslim,2703)
Le vrai repentir sincère
consiste à s’empresser à cesser le péché, à le regretter et à se résoudre à ne
plus récidiver. Ensuite, le pécheur, qui aurait fait perdre un dépôt, devra
voir si le dépôt impliquait un droit d’Allah car ,
dans ce cas, en plus du repentir et de la demande de pardon, on doit voir s’il
y a une charge légale relative à la réparation du manquement. Si tel est le
cas, on doit l’assumer. La charge peut être un rattrapage ou un acte
expiatoire.
Si, par exemple,
on s’est abstenu délibérément d’observer le jeûne du Ramadan, on doit , en plus du repentir, rattraper les jours non jeûnés.
Si on a interrompu le jeûne par un rapport intime, on doit procéder à un acte
expiatoire. Et il en ainsi pour les autres affaires religieuses.
Si on a commis
une trahison concernant un dépôt affectant les droits des gens, on doit , en plus de ce qui est déjà expliqué, restituer le
dépôt à son propriétaire ou demander son pardon.
D’après Abou Hourayra (P.A.a) le Messager
d’Allah (Bénédiction et salut soient sur lui) a dit:«
Celui qui a lésé quelqu’un dans son honneur ou dans une affaire quelconque doit
solliciter d’en être déchargé avant qu’il n’y ait plus ni dinar ni dirham. Car,
alors, s’il possède une bonne œuvre, on en prélèvera ce qu’il faudra pour
réparer l’injustice qu’il avait commise. S’il ne possède pas de bonnes œuvres, on lui imputera les
mauvais actes de son adversaire.» (Rapporté par al-Bokhari,2449).
An-Nawawi (Puisse Allah Très-haut lui accorder Sa miséricorde) a écrit:« Selon les
ulémas, c’est un devoir que de se repentir pour chaque péché. Si celui-ci
résulte d’un acte de désobéissance commis par le fidèle serviteur envers Allah
Très-haut et n’a rien à voir avec les droits humains, il requiert trois conditions:
La première est
de cesser l’acte de désobéissance.
La deuxième est
de le regretter.
La troisième est
de se résoudre à ne plus récidiver.
A défaut de
l’une des trois, le repentir ne sera pas valide.
Si l’acte de
désobéissance porte sur une affaire humaine, les conditions passent à quatre
dont les trois déjà mentionnées et l’acquittement par l’ayant droit. S’il
s’agit de l’argent (pris injustement) on le restitue à son propriétaire. S’il
s’agit d’une diffamation , on donne à la victime la
possibilité de se faire justice ou de pardonner. S’il s’agit d’une médisance,
on demande pardon à la victime.» Extrait de Rayadh
as-Salihine, p.14. Voir à toutes fins utiles à propos de la
manière de demander pardon à la victime d’une médisance, la réponse donnée à la
question n° 6308.
Allah le sait mieux.