Louanges à Allah
Le premier hadith
est cité par al-Bokhar (5066) et par Mouslim (1400) d’après Ibn Massoud qui
dit: « Nous étions de jeunes
compagnons du Prophète (Bénédiction et salut
soient sur lui) qui ne possédaient rien. Il nous a dit: « O jeunes, que celui
d’entre vous qui en a
les moyens se marie c’est plus à même (d’aider à ) baisser le regard
et à préserver le sexe. Que celui
qui n’en a pas la
possibilité pratique le jeûne car il l’inhibe (le désir sexuel) ». Le deuxième hadith est rapporté par al-Bokhari
(5030) et par Mouslim (1425) d’après Sahel ibn Saad
(en ces termes): « Une femme se présenta au Messager d’Allah (Bénédiction et salut soient sur
lui) et dit:
-“Messager d’Allah, je suis venue vous offrir
ma personne! » Le Messager d’Allah (Bénédiction et salut soient sur
lui) la regarda du haut en bas puis baissa sa tête. Quand la femme se rendit compte qu’il (le Messager ) n’avait pas réagi, elle s’assit. L’un de ses
compagnons lui dit alors:
-« Messager d’Allah, si tu n’as pas besoin d’elle, donne-la moi en mariage. »
-« As-tu quelque chose (à lui offrir )? »
-« Non, Messager d’Allah, au nom d’Allah! »
-« Va auprès de ta famille
pour trouver quelque chose. » L’intéressé partit puis revint:
-« Non, Messager d’Allah, je n’ai rien trouvé. »
-« Cherche ne serait-ce qu’un bague de fer. » Il partit puis
revint:
-« Non, Messager d’Allah,
même pas une bague de
fer. Mais voici mon pagne – selon Sahel l’intéressait n’en possédait qu’un- je lui en donne
la moitié.»
-« Que va -t-elle faire de ton
pagne! Si elle le porte , il ne lui
servirait à rien. Et si tu le
porte, il ne ter servait à rien. »
L’homme resta longuement assis
puis il s’en alla sous le
regard du Messager d’Allah (Bénédiction et salut
soient sur lui). Ensuite, il (le Messager) donna l’ordre de le
convoquer. Arrivé, il lui dit:
-« Qu’est ce que tu as appris
du Coran? »
-« J’ai appris une telle
et une telle sourates. Il les énuméra… »
-« Tu sais les réciter de mémoire? »
-« Oui. »
-« Va-t-en. Je te la donne à condition que tu
lui apprenne ce que tu sais du
Coran. »
Les deux hadith ne se contredisent
pas. Allah soit loué. Chacun des deux
vise un objectif. Celui d’Ibn Massoud est adressé à l’ensemble des jeunes et à tous ceux qui désirent se marier
pour leur expliquer que, pour se marier, il faut en posséder les moyens car
le mari doit être en mesure d’assurer la dépense vitale, l’habillement et l’hébergement (à sa famille). Le
terme baa’a usité dans le hadith
renvoie aux charges du mariage. Le législateur a voulu par là clarifier une règle de base, à savoir que le
mariage n’est ni un simple contrat
ni un seul moyen d’assouvir son désir sexuel licitement
car il implique une responsabilité , une charge et un pouvoir donné aux hommes sur les femmes.Le hadith indique
encore que la loi veut que celui qui
n’est pas en mesure
de se marier se mette à jeûner, le jeûne étant apte à affaiblir les désirs sexuels et à restreindre les
voies d’accès du diable. Aussi
aide-t-il à préserver la chasteté et à baisser le regard.
(Madjmou fatawa Ibn Baz,3/329).
En outre, la parole du Prophète (Bénédiction et salut soient sur
lui) : « que celui d’entre vous qui en a
les moyens se marie. » indique que la loi
veut que celui qui a les moyens de se marier doit s’empresser à le faire. Les ulémas de la
Commission disent: « La Sunna veut que
celui qui a les moyens de se marier et de respecter
les doits qui en découlent doit se hâter à le faire.» Extrait des fatwas
de la Commission Permanente (6/18) Se référer à la réponse donnée à la
question
n°
9262.
Quant à l’autre hadith,il traite d’un affaire
personnelle concerne un pauvre voulant se marier. Le Prophète (Bénédiction et salut
soient sur lui) l’a marié avec la femme qui était venue lui
offrir sa personne. Il y a là la preuve que la
pauvreté en elle -même n’empêche pas d’épouser un homme
pieux et animé par une belle foi
en son Maître .La femme en question
avait elle aussi ces qualités. Il s’y ajoute la parole
du Très-haut: «Mariez les célibataires d’entre vous et les
gens de bien parmi vos esclaves, hommes et femmes. S’ils sont besogneux,
Allah les rendra riches par Sa grâce. Car (la grâce d’) Allah est immense et Il est
Omniscient. » (Coran,24:32)
La belle confiance (en Allah) , le désir de rester
chaste et la recherche des grâces d’Allah permettent au
candidat au mariage d’obtenir l’assistance d’Allah et de bénéficier de Sa grâce. At-Tirmidhi (1655) a cité et jugé bon ce hadith d’Abou Hourayrah selon lequel le
Messager d’Allah (Bénédiction et salut
soient sur lui) a dit: « Trois (personnes)
ont droit à l’aide d’Allah: le
combattant dans le chemin d’Allah,
l’esclave qui cherche
à se racheter et celui qui veut se marier pour préserver sa chasteté. » Al-Albani l’a jugé bon dans Sahihi at-Tirmidhi.
Al-Imam al-Boukhari (Puisse Allah lui
accorder Sa miséricorde) a rédigé un chapitre intitulé: « chapitre : marier un homme en
difficulté (financière) en application
de la parole du Très-haut: « S’ils sont besogneux , Allah les rendra
riches par Sa grâce. » Al-Hafezh (Puisse Allah lui
accorder Sa miséricorde) a dit : l’expression « S’ils sont besogneux , Allah les rendra
riches par Sa grâce.» est une
justification de la sentence qui découle de l’intitulé (du chapitre). C’est-à-dire que l’état de pauvreté n’entraine pas l’interdiction du
mariage puisque le pauvre peut devenir riche plus tard. »
Ali ibn Abi Talhah a rapporté qu’Ibn Abbas a dit: « Allah les exhorte à se marier et en
donne l’ordre aussi bien
aux esclaves qu’aux hommes libres et promet de les enrichir en disant: « S’ils sont besogneux
, Allah les rendra riches par Sa grâce. » On a rapporté qu’Ibn Massoud a dit: « Cherchez à devenir riches en vous mariant. » Voir le Tafsir d’Ibn Kathir (6/51).
Cheikh Ibn Baz (Puisse Allah lui
accorder Sa miséricorde) a dit: « Dans ce noble
verset, le Transcendant a donné l’ordre de marier les femmes et
les esclaves, mâles et femelles et (nous) a informé, Lui, L’informateur Crédible, qu’il y a là pour les pauvres le
moyen d’obtenir Sa grâce. Ceci vise à rassurer les maris et les tuteurs des
femmes (célibataires) que la
pauvreté ne doit pas être un obstacle au
mariage. Bien au contraire, celui-ci peut entraîner provision et
richesse. » Extrait de fatwa
islamiques (3/213)
Exhorter celui qui a les moyens de se marier à le faire ne
signifie pas que celui n’en dispose pas doit
s’en abstenir , même quand il craint
les conséquences du célibat. Orienter ce dernier vers la pratique du jeûne pour inhiber ses
désirs sexuels non
plus ne revient pas à lui interdire de se
marier car il pourrait trouver quelqu’un pour l’aider à se marier comme il
peut trouver une femme qui se contente de son état (de pauvreté) à cause de sa piété et de sa bonté. On est là devant des
situations qui varient selon les individus, les conditions de vie et les coutumes .
Quant au contenu du hadith d’Ibn Massoud, on y
trouve une règle de conduite générale , une instruction
destinée à ceux qui ne possèdent pas les moyens
de se marier pour qu’ils se protègent grâce au jeûne. Si l’un d’entre eux trouve
les moyens de se marier , il y a aucun
inconvénient à ce qu’il le fasse. Mieux,
on l’exhorterait à le faire. C’est pourquoi il est
dit: « celui qui ne peut pas » et non « qu’il ne se marie pas » mais on ajoute « qu’il ait recours au jeûne » C’est pour lui éviter de tomber
dans la désobéissance. Si on est en
mesure de se marier malgré quelques difficultés, il n’y a certainement
aucun inconvénient à le faire, le jeûne n’étant recommandé qu’en d’incapacité. Aussi quand on
peut se marier , fût-ce avec peine, il
vaut mieux le faire.
Allah Très-haut le sait
mieux.