Louanges à Allah
Premièrement, les points sur lesquels une
divergence oppose les Quatre Imams sont nombreux. Il n’est pas possible de les
recenser dans tous les chapitres du
droit dans le cadre d’une réponse comme
la présente. On peut les découvrir dans des ouvrages comme al-Moughni
d’Ibn Qoudama et Bidatoul
Moudjtahid d’Ibn Roushd
et consort.
Néanmoins, il est possible d’éclaircir certaines
des causes de la divergence qui oppose les jurisconsultes d’une manière
générale. Font partie des causes de leur divergence, par exemple:
1.La contradiction
entre les arguments religieux selon le moudjtahid
(autorité en droit apte de mener un effort de réflexion dans le sens de la
fructification des textes sacrés). Les méthodes employées par les
jurisconsultes pour préférer des arguments à d’autres ou les concilier peuvent
être différentes.
Les ulémas de la Commission Permanente ont dit
dans le cadre de leur explication des causes des divergences opposant les
ulémas que la contradiction des arguments en fait partie car la manière dont
les jurisconsultes préfèrent des arguments à d’autres ou les concilient peut
varier d’un uléma à un autre.
En voici un exemple : un hadith interdit de prier
entre la seconde prière de l’après midi et le coucher du soleil tandis qu’un
autre interdit à celui qui entre dans une mosquée de s’asseoir avant
d’effectuer une prière de deux rak’aa pour
saluer la mosquée. La mise en application des hadiths a suscité une divergence
au sein des jurisconsultes à propos de celui qui entre dans une mosquée pendant le temps d’interdiction de la prière.
Les uns donnent priorité au hadith qui interdit toute prière dans le laps de
temps indiqué tandis que d’autres donnent priorité au hadith qui recommande de
saluer la mosquée. Chaque partie dispose d’arguments pour soutenir son choix.»
Extrait des fatwa de la Commission Permanente-1 (5/31).
2. Une divergence d’origine linguistique comme
celle qui résulte de l’explication d’un terme polysémique, un terme qui a deux
acceptions ou plus. On en trouve un exemple dans la parole du Très-haut:« Et les
femmes divorcées doivent observer un délai d’attente de trois menstrues..»
(Coran,2:228). Le terme qour‘
(menstrues) est linguistiquement polysémique. Il désigne à la fois l’absence de
menstrues (propreté rituelle) et leur présence (souillure rituelle). Ici le
texte indique que les femmes répudiées observent un délai de viduité de trois qour‘, ce qui est susceptible d’être
interprété par trois périodes d’absence
de menstrues ou trois période de menstrues. Cette question a déjà été élucidée dans
la fatwa n° 170581. Ibn al-Qayyim (Puisse Allah lui
accorder Sa miséricorde) dit dans as-Sawaiq
al-moursala (2/565): « Relève de ce chapitre la
divergence qui résulte de l’usage d’un
vocable polysémique ou équivoque ou ayant un sens réel et un sens allégorique.
C’est le cas de la divergence qu’il faut donner au terme qour‘.
S’agit il des menstrues ou de leur absence. Certains ont retenu le premier sens
et d’autre le second.»
3. Leur
divergence sur la question de savoir s’il faut ou non tenir compte du caractère
général des arguments. Un exemple en réside dans la pratique des Médinois
rapportée (à travers les générations). L’imam, Malick
(Puisse Allah lui accorder sa miséricorde) accordait un soin particulier à la
pratique perpétuée par les Médinois. Il la prenait pour une preuve à utiliser
dans la religion d’Allah Très-haut et croyait qu’il n’était pas permis de
s’opposer à ce qu’ils ont admis
unanimement. Ceci a été expliqué dans la fatwa n°17914.
4.La
divergence peut résulter de la différence des niveaux de connaissance et de la
capacité de comprendre les textes religieux. A ce propos, les ulémas de la
Commission Permanente disent:« Les causes de la divergence de vues au sein des
ulémas sont multiples. Il en est qu’aucune d’entre eux ne possède tout le
savoir (religieux). On peut ignorer ce que d’autres savent. On peut comprendre
des textes que d’autres ne comprennent pas en l’absence d’un argument clair
l’étayant.» Extrait des fatwa de la Commission Permanente 1-(2/178).
5.La
divergence peut être relative à la sunna purifiée. C’est le cas de la
divergence qui porte sur la vérification d’un hadith ou l’affirmation de sa
faiblesse. A ce propos, Ibn al-Qayyim (Puisse Allah
lui accorder Sa miséricorde) dit dans as-sawaiq
al-moursala fi ar-radd alaa al-djahmiyyah wal- mouattila (2/556) dans
le cadre de sa clarification des causes des divergences: la troisième cause
réside dans la croyance de la faiblesse d’un hadith alors qu’un autre affirme
le contraire.
Il est
vrai que l’un des hommes qui font autorité en matière de droit peut juger un
traditionniste faible tandis qu’une autre autorité le juge fort et sûr. Le
premier peux avoir raison pour avoir découvert une
cause subtile qui a échappé au second.
Celui-ci peut aussi avoir raison puisqu’il sait que la cause retenue par
l’autre n’invalide pas sa version et ne remet pas en cause sa fiabilité.» Il
relève encore de ce chapitre le fait pour l’un d’entre eux de soumettre une
information transmise par un seul traditionniste à des conditions non admises
par d’autres.
A ce
propos, Ibn al-Qayyim (Puisse Allah lui accorder Sa
miséricorde) dit dans as-Sawaiq al-moursala (2/559):«La quatrième cause réside dans le
fait pour l’un d’entre eux de soumettre l’information transmise par un seul
rapporteur à des conditions non reconnues par d’autres, comme la condition
selon laquelle le rapporteur doit être un juriste quand ce qu’il a rapporté
contredit le raisonnement par analogie, et la condition selon laquelle le
hadith rapporté doit être largement répandu, si son contenu porte sur une
préoccupation publique, et la condition selon laquelle le hadith rapporté ne
doit pas contenir un ajout par rapport au texte du Coran afin d’éviter qu’il
vienne abroger le Coran. Voilà des questions bien connues.»
6. Leur
divergence portant sur les règles fondamentales comme celle qui traite d’un
texte déterminé pour savoir s’il a une portée générale ou restreinte ou s’il
doit faire l’objet d’une interprétation (libre)souple ou s’il est relativisé
par un autre texte. Il en est aussi la divergence qui les oppose à propos
des significations à donner à l’ordre et
à l’interdit, et leur divergence portant sur l’explicite et l’implicite, etc.
Voir à toutes fins utiles la réponse donnée à la question
n° 128658.
Deuxièmement,
s’agissant de l’adoption exclusive de l’une des écoles des Quatre Imams, on l’a
déjà abordé exhaustivement en citant les propos des ulémas dans la fatwa n°
21420 et la fatwa n° 103339. Se référer à la fatwa n°
148057 en ce qui concerne
l’adoption aveugle d’un avis religieux.
Allah le sait mieux.