Louanges
à
Allah
Premièrement,
la répudiation
légale consiste à répudier
sa femme une seule fois dans le temps séparant
deux cycles menstruels ou pendant une grossesse. La répudiation
ainsi prononcée devient effective à
l’avis
unanime des ulémas. Quant à
la répudiation
prononcée contre une femme dans son cycle
menstruel ou entre deux cycles mais suite à
un
rapport intime, elle compte pour la majorité
des
ulémas,
contrairement à l’avis d’une
partie
d’entre
eux. Voir la réponse donnée
à
la
question
n°72417
et
la
question
n° 106328.
Deuxièmement,
la répudiation
prononcée en cas de colère
est l’objet
d’une
divergence de vues et appelle un examen détaillé.
L’avis
le mieux argumenté est
que si celui qui le prononce ne sait plus ce qu’il
dit ou est sous le coup d’une
colère
intense qui le pousse à
la répudiation
et qu’il
ne le ferait pas fait s’il ne se trouvait dans cet état,
dans un tel cas, la répudiation ne compte pas. S’il
ne s’agit
que d’une
colère
ordinaire et légère , la répudiation
compte
. Voir la réponse donnée
à
la
question n°45174.
Troisièmement,
si on dit à sa
femme: « tu es répudiée »
ou si on dit: « elle
est répudiée »
ou : « je
te répudie »
ou « tu
es une répudiée »,
toutes ces expressions représentent
une répudiation
sans ambages qui devient effective sans qu’on
ait besoin d’en nourrir l’intention.
Il n’est
pas exigé de dire: «
je
te concède la répudiation. »
Si
on disait : « je
vais te répudier »,
la formule serait équivoque car le présent
indicatif peut porter indiquer le présent
et le futur. Si le locuteur entendait
parler du présent et disait : « je
te répudie
maintenant », la répudiation
serait effective. S’il entendait parler du future ce
serait une menace et une intimidation. Mais la répudiation
ne compterait que s’il revient à
la
charge et la confirme. On tient compte à
cet
égard
du langage habituel du locuteur.
Quatrièmement,
si un mari dit à sa
femme: « tu es une répudiation »
ou « tu es la répudiation»,
ces expressions sont l’objet d’une
divergence. Si on considère
qu’elles
impliquent clairement la répudiation,
celle-ci compte, même en l’absence
de l’intention
de la rendre effective. Si on considère
qu’elles
ne font qu’allusion à la répudiation,
dans ce cas, celle-ci ne compte que si on a réellement
l’intention
de l’exprimer.
La majorité des
hanafites, des malikites et des hanbalites soutient que les dites expressions
indiquent clairement la répudiation.
A
ce propos, Ibn Qoudamah (Puisse Allah lui accorder Sa
miséricorde ) a dit: « Si
quelqu’un dit à
sa
femme : « tu es la répudiation »
,
le
cadi soutient le seul avis reçu
d’Ahmad
rend une telle répudiation effective; que son auteur en
ait l’intention
ou pas. C’est aussi l’avis d’Abou
Hanfiah et de Malick. Les
disciples de Chafii donnent à
une
telle expression deux interprétations.
Selon l’une , elle n’est
pas claire car le locuteur emploie l’infinitif.
Or on n’emploie pas celui-ci pour qualifier un
nom propre, à
moins
qu’il
ne s’agisse
d’une
tournure stylistique allégorique.
Selon l’autre, l’expression
est claire et n’a pas besoin d’en spécifier
l’intention.
Cet usage est courant chez eux (ceux qui l’emploient). » Extrait d’al-Moughni,
7/387.
L’auteur
d’al-fourou (5/395) dit: «
Il
est clair que « tu es une répudiation »
est comme « tu es la répudiation » On retrouve la même
affirmation dans al-intissaar.
Dans
ach-charh asaghir (2/559) Ad-dardiri dit:
«la
claire formulation de la répudiation
qui met fin au lien conjugal même
si telle n’était pas l’intention
de son auteur consiste à dire: « la répudiation
me lie » ou « je
suis tenu de répudier »
ou « tu es la répudiation » ou d’autres
expressions pareilles comme « une
répudiation
»
« à l’indéfini
sous entendu : « je suis lié
par
la répudiation »
ou « tu
es impliquée » ou « tu
es une répudiation »
ou « je
suis engagé dans
une répudiation ».
Peu importe qu’on prononce seul le sujet ou le complément
puisque le reste de la phase est sous entendu et que ce qui est compris est
comme ce qui et explicité. » Voir al-Bahre ar-raaiq,
3/279.
Les
chafiites soutiennent, selon leur avis le mieux argumenté,
que lesdites expressions font allusion à
la répudiation.
A ce propos, an-Nawawi (Puisse
Allah lui accorder Sa miséricorde)
dit dans al-Minhaadj:
«Les
termes qui expriment clairement la répudiation
selon l’avis le plus répandu
sont : « répudiation,
séparation,
libération ».
Pour les employer on dit: «
je
t’ai répudiée
»
« tu es répudiée » « tu
es une répudiée »,
« ô
répudiée
» pas « tu
es une répudiation »
ou « tu es la répudiation »,
selon l’avis juste. Ar-Ramly dit dans
son commentaire « pas tu es une répudiation »
ni « tu es la répudiation »
selon l’avis juste ” parce
que ces deux expression sont allusives. C’est
comme si on disait: « si tu commettais un tel ou tel acte,
cela entrainerait ta répudiation
ou tu serais répudiée. »
C’est
évident
car l’infinitif
n’est
employé
pour
qualifier un nom que dans un usage métaphorique. » extrait de Nihayatoul mouhtadj,6/428.
Nul
doute que le fait de dire «
répudiation » ou « la répudiation »
sans
dire « tu es… »
est
aussi faible que les expressions : « tu
es une répudiation «
ou tu es la répudiation. Il s’agit
apparemment d’une allusion. Cela dit, si tu as dit :
«
répudiation » ou «
la répudiation » comme on le déduit
de ta question, et si tu entendais exprimer une répudiation
effective, elle l’était devenue. Sinon , elle ne l’est
pas.
Cinquièmement,
il convient de savoir que la plupart des cas de répudiation
résultent de la colère
et d’une
fort emportement et non de la joie et de la détente.
Le fait pour un mari de répudier
sa femme en cas de colère ne signifie pas que la répudiation
ne compte pas, comme le croient beaucoup de gens. Si toutefois on est emporté
par
la colère
au point de perdre le contrôle
de soi, de ne plus se maîtriser
et de ne plus être conscient de ce qu’on
dit, une telle répudiation ne compte pas de l’avis
unanime des ulémas. Si la colère
n’est
pas si forte qu’on
vient de l’indiquer mais l’est
assez pour faire perdre la maîtrise
de soi alors que l’intéressé
se
sentait pousser vers la répudiation,
la majorité des
ulémas
soutient qu’une telle colère
n’empêche
pas l’effectivité
de
la répudiation.
D’autres
ulémas
soutiennent le contraire. C’est
l’avis
de ces derniers que cheikh al-islam , Ibn Taymiyah
(puisse Allah lui accorder Sa miséricorde)
et son disciple , Ibn al-Qayyim, appliquaient. Car c’est
l’avis
le mieux argumenté, s’il
pait à
Allah.
Nous
avons évoqué
l’avis
de la majorité pour
sensibiliser l’auteur de la question sur la gravité
de
la prononciation de la répudiation,
qu’on
soit en colère ou pas puisqu’elle
revient à détruire
son foyer, à porter
préjudice
à
soit
-même
et à
sa
famille à cause
de la précipitation et de l’excès
de langage.
Nous
sollicitons auprès d’Allah
le pardon le bien-être total. Voir l’explication
donnée
dans les réponses faites à
la
question n°45174, à la
question n° 82400 et à
la
question n°160830.
En tout état de cause, le fidèle
doit éviter
la précipitation
et la facilité dans
l’usage
des termes relatifs à la répudiation
afin de préserver son ménage
et sa famille.
Allah
le sait mieux.